Née à Paris en 1931. Élevée dans le faubourg St-Antoine dans une famille de fabricants de vernis pour bois bien connu des ébénistes. Adolescente, elle fut bouleversée par la sculpture égyptienne au Louvre. Après le baccalauréat, formation dans les ateliers de la Grande Chaumière et celui de Rivière à l’Académie Julian. Edmée Guyon épouse en 1953 un capitaine au long cours. Mère de trois enfants, elle continue à sculpter. Les vastes espaces – mer, montagne, désert – forment son regard. Elle y voit la dynamique de la vie.
Sa vie bascule en 1976 : elle trouve enfin l’atelier de ses rêves dans le Ve arrondissement de Paris, mais subit ensuite un grave accident méningé. Cet événement détermine en profondeur sa vie et sa sculpture : recherche de l’essentiel, de la vérité intérieure. Pendant sa longue convalescence elle affirme son style personnel – une forme d’abstraction lyrique – dans La Paix et se met à exposer régulièrement à partir de 1978. À partir de la même date le sculpteur expose également des aquarelles où l’on retrouve le même style épuré à la limite de la figuration et de l’abstraction.
En 1986 le thème de l’essor accompli ou brisé est dépassé par la plénitude tendre de Mère-Espoir. Cette œuvre annonce le début d’un mouvement ascensionnel en forme de spirale qui trouvera son accomplissement dans L’Ange (1999). L’œuvre se diversifie. Dans les aquarelles le bonheur commence à l’emporter sur la mélancolie et un dynamisme intense se fait sentir à partir de 1989. En 1993 l’artiste crée sa collection de Bijoux–de-la-Mer en bronze, coquillages et argent. L’autonomie grandissante de chaque face de la sculpture fait que Le Sari (1997) n’est plus une oeuvre vue sous plusieurs angles, mais quatre oeuvres en une. En parallèle, il y a une nouvelle gravité : le thème de l’innocence n’exclut plus des évocations de la force destructrice et débouche sur Antigone (2004) : la victoire tragique de l’innocence lucide.
Deux oeuvres se trouvent dans les collections publiques de la municipalité de Granville (Manche), dont L’Oiseau-Flèche face à la mer en haut des remparts. En 1979 la Compagnie Navale des Pétroles commande à l’artiste un projet de monument pour commémorer les victimes de l’explosion du Bételgeuse à Bantry Bay en Irlande. 133 de ses œuvres se trouvent dans des collections privées en France et à l’étranger : Abu Dhabi, Berlin, Bruxelles, Hambourg, La Haye, Londres, Munich, New York, San Francisco, Tokyo et Vienne. En 1983 l’œuvre de l’artiste fut le dernier découvert et exposé à Saint-Germain-des-Prés par Édouard Loeb, le célèbre marchand d’art de Max Ernst et Jean Arp. L’année 2002 marqua la reconnaissance de l’œuvre à l’étranger avec une exposition à La Haye.
Ronald McDougall
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